Introduction
Alors que SustainSahel (2020-2025) se concentre sur l'amélioration de la compréhension scientifique d'une grande variété de techniques agroécologiques et approfondit en même temps la coopération en matière de recherche entre les scientifiques et les institutions africaines et européennes dans les zones semi-arides d'Afrique de l'Ouest, les activités de DAAPS (2022 et 2023) ont renforcé les connexions entre les scientifiques, les organisations d'agriculteurs et les communautés locales dans le cadre de SustainSahel. Plus important encore, l'initiative DAAPS, parrainée par le philanthrope suisse Daniel Brunner, a introduit des organisations non gouvernementales (ONG) en tant que nouveaux partenaires du projet, renforçant ainsi la capacité du projet à apporter des changements sur le terrain et à favoriser la collaboration au sein du consortium. L'initiative a été coordonnée localement par Agrisud au Sénégal[1], AMSD[2] au Mali et Tiipaalga[3] au Burkina Faso.
Des foires alimentaires éducatives dans les zones rurales
Dans les trois pays, la DAAPS a organisé des foires alimentaires éducatives en milieu rural, des formations paysannes, des séances de projection vidéo en milieu rural, des séances de sensibilisation des paysans, et a permis la mise en place et la gestion de 20 pépinières. Les foires ont mobilisé plus de 2 000 personnes lors de 12 événements au total, soit deux événements par an dans chaque pays. Les foires alimentaires duraient une journée entière et permettaient aux agriculteurs, aux vulgarisateurs, aux chercheurs, aux responsables d'ONG et aux autorités locales de se réunir pour apprendre et discuter des pratiques agroécologiques et agroforestières adaptées au contexte sahélien.
Au cours des foires, des approches novatrices, telles que des représentations théâtrales et des démonstrations pratiques d'innovations agroécologiques, ont été utilisées comme moyens de diffusion à bas seuil. Les agriculteurs ont apprécié d'apprendre d'une manière divertissante, par exemple avec des pièces de théâtre recréant les difficultés des agriculteurs et la manière dont leur vie a changé lorsqu'ils ont découvert des solutions agroécologiques à faible apport en capital. D'autres exemples étaient des démonstrations pratiques d'innovations agroécologiques, telles que la production d'un biopesticide à base d'ingrédients locaux ou la production de compost bokashi. La musique et la danse faisaient donc partie intégrante du programme.
Les foires alimentaires éducatives comprenaient une section de stands présentant des produits alimentaires locaux issus de systèmes agroforestiers, et les participants se voyaient offrir un repas composé d'ingrédients biologiques locaux. Ces événements ont également été l'occasion d'établir de nouveaux contacts entre les chercheurs, les organisations d'agriculteurs et les ONG. Au cours d'une cérémonie organisée à la fin de la foire, une sélection de plants d'arbres recommandés a été présentée afin que les agriculteurs participants ne se contentent pas de rapporter de nouvelles connaissances et idées dans leurs exploitations.
79 461 arbres plantés au Sénégal, au Mali et au Burkina Faso
Le DAAPS a formé 284 agriculteurs à la gestion de pépinières dans les trois pays et a accompagné la mise en place de quatre pépinières de taille moyenne au Burkina Faso et de deux au Mali, ainsi que de 15 petites pépinières dans les champs des agriculteurs au Sénégal. La gestion des pépinières a été assurée par les agriculteurs et suivie par l'initiative. Outre la formation, l'initiative DAAPS a fourni le matériel nécessaire, les semences, les clôtures et, dans le cas du Sénégal, le creusement de puits pour approvisionner les arbres en eau. Les deux années de l'initiative DAAPS ont développé la capacité des agriculteurs à maîtriser les techniques de production d'arbres, leur permettant notamment de poursuivre leur entreprise après la fin du projet. Nous nous attendons à ce que cela génère non seulement des revenus pour le ménage, mais aussi à ce que cela produise des semis d'arbres indispensables pour améliorer la productivité des fermes et reboiser les paysages locaux.
Pendant la durée de l'initiative, les arbres produits dans les pépinières ont été achetés par la DAAPS et distribués aux agriculteurs. Des actions collectives de plantation d'arbres ont été organisées dans différents villages, et un total de 79 461 arbres ont été plantés au cours de l'initiative dans les trois pays.
Projections vidéo avec des projecteurs intelligents
Les équipes locales du Mali et du Burkina Faso ont organisé des séances de cinéma dans les zones rurales pour projeter des vidéos éducatives sur l'agriculture, qui ont constitué une bonne plateforme de débat sur plusieurs pratiques agroécologiques. Les vidéos présentées portaient sur des pratiques telles que le paillage, le compostage, la gestion de la fertilité des sols et l'intégration de l'élevage et de l'agriculture. Les projections ont été suivies par près de 1 700 agriculteurs dans différents villages des deux pays. Les équipes ont utilisé des projecteurs intelligents, un nouvel outil innovant conçu par Access Agriculture[4]. Les "projecteurs intelligents" permettent de réaliser des projections vidéo dans des zones reculées, car ils sont équipés d'une base de données vidéo intégrée et d'un panneau solaire pliable pour charger la batterie, ce qui les rend indépendants du réseau électrique.
Les séances de projection se sont révélées être un "brise-glace" très utile pour les discussions ouvertes avec les agriculteurs (hommes et femmes confondus) et ont, par exemple, incité beaucoup d'entre eux à essayer de pailler une partie de leurs champs avec des résidus de culture et des débris d'arbustes. Les vidéos ont également permis de sensibiliser les agriculteurs à l'importance des arbres dans les exploitations agricoles et dans le paysage, notamment pour la biodiversité, la santé des sols et le cycle de l'eau.
L'initiative DAAPS a facilité une collaboration significative et respectueuse entre les ONG, les agriculteurs et les institutions de recherche, ce qui, espérons-le, apportera des avantages durables aux systèmes agroforestiers du Sahel. L'engagement des agriculteurs et les efforts considérables de plantation d'arbres devraient avoir des effets positifs durables, complétant les objectifs plus larges du projet SustainSahel.
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