Le Projet « Utilisation et protection synergiques des ressources naturelles pour les moyens d’existence ruraux grâce à l’intégration systématique des cultures, des arbustes et du bétail au Sahel » (SustainSahel) est un projet de recherche-action, financé par l’Union Européenne et exécuté par un consortium de 18 partenaires dont la Confédération Paysanne du Faso (CPF). Débuté en 2020, le projet est mis en œuvre sur une période de 5 ans au Burkina Faso, au Mali et au Sénégal. Au Burkina Faso, le projet est mis en œuvre sur deux sites regroupant chacun plusieurs villages que sont le site de Yilou et le site de Saria.
Il a pour objectif d’améliorer la résilience et le potentiel d’intensification des systèmes de production agricole des petites exploitations face au changement climatique grâce à des innovations évolutives sur l’intégration des (CAB).
Dans le cadre de la mise en œuvre du projet, des plateformes d’innovation ont été mises en place pour favoriser les échanges entre les producteurs et l’équipe du projet sur les technologies mises en œuvre et pour animer les journées de dissémination en milieu paysan.
La journée de dissémination tenue ce 9 mai à Yilou dans la commune de Guibaré a réuni des membres de la plateforme d’innovation et des producteurs relais, les membres du consortium de mise en œuvre du projet que sont la Confédération Paysanne du Faso, le Forum africain des services de conseil agricole (AFAAS), l’Institut de l’Environnement et de Recherches Agricoles (INERA) et l’Université Nazi Boni de Bobo Dioulasso (UNB). Cette journée a permis de partager les résultats de recherche sur les technologies Cultures, Arbre Bétail (CAB). Des recommandations ont été faites aux producteurs pour une meilleure adoption des technologies et pour une amélioration de la résilience des ménages.
L’une des recherches a porté sur l’effet du paillage sur la croissance et le rendement du sorgho ainsi que sur l’infiltration de l’eau. Cette étude a été menée par le doctorant Bessibié Bazongo. Ce paillage peut se faire avec la biomasse des arbres tels que le karité, le neem, le caïlcédrat ainsi que d’autres arbustes comme Piliostigma reticulatum et Guiera senegalensis. Après un essai en station, il ressort que la biomasse de neem se minéralise très rapidement et n’est pas bien adaptée pour le maintien de l’humidité du sol contrairement à celle des autres espèces ligneuses ci-dessus mentionnées. Le doctorant est arrivé à la conclusion préliminaire que le paillage favorise l’infiltration de l’eau, atténue les effets des poches de sécheresse et améliore par conséquent, la croissance et le rendement du sorgho.
En réponse à l’insuffisance du nombre d’arbustes et d’arbres dans les champs relevés par les producteurs, Mireille Fatoumata Yé, Doctorante à l’Université Nazi BONI, a suggéré un accroissement de leur effectif par la plantation. A cet effet, elle a présenté aux producteurs présents à la journée de dissémination, une étude sur la technique de collecte de semences et de production des plants en pépinière afin de leur permettre d’accroître le nombre d’arbustes et d’arbres dans leurs champs. Elle a suggéré des espèces telles que Piliostigma reticulatum, Gliricidia sepium, Faidherbia albida du fait de leur grande capacité à améliorer la productivité des cultures.
Linda Traoré, doctorante de l’INERA a elle présenté quelques résultats de ses travaux de recherche qui ont porté sur la préférence des animaux pour certains ligneux fourrageux, ainsi qu’une étude sur la santé animale et sur l’embouche. De la première étude, il ressort que Bombax costatum est très apprécié par les animaux, ainsi que Khaya senegalensis, Ptérocarpus erinaceus, Ziziphus mauritiana et Ficus sycomorus. Un essai d’embouche pour valoriser ces ligneux dans des rations est actuellement en cours dans la zone de Saria et est prévue pour la zone de Yilou l’année prochaine. Pour ce qui concerne la santé animale, les parasites gastrointestinaux des petits ruminants représente la principale contrainte pour les éleveurs. Il ressort que le mois d’août est une période de forte infestation. Elle conseille donc aux éleveurs de traiter leurs animaux à cette période avec les produits recommandés par les agents de santé, surtout les caprins, qui sont le plus souvent délaissés et qui deviennent des sources de propagation des parasites dans les pâturages.
Les producteurs s’engagent à mettre en œuvre les recommandations
Le moins que l’on puisse dire, c’est que les producteurs relais et les membres de la plateforme d’innovation ont suivi avec grand intérêt les communications des doctorants. Ils ont d’ailleurs pris l’engagement à l’issue de la journée de dissémination, de mettre en œuvre les recommandations afin d’améliorer leurs productions. « A travers leurs exposés, nous avons eu des idées pour améliorer notre agriculture et notre élevage. Au niveau de la plateforme d’innovation, nous avons prévu une rencontre afin d’échanger et voir comment disséminer à notre tour ce que nous avons appris », a confié Richard Ouédraogo, président de la plateforme d’innovation de Yilou.
Seydou Éric Ouédraogo dit « Eric le paysan », animateur-formateur à la Confédération paysanne du Faso souligne que cette journée de dissémination est essentielle pour le projet. Elle permet en effet aux producteurs d’échanger sur des technologies qui puissent leur permettre d’améliorer leurs productions. « Chaque doctorant a présenté les résultats qu’il a obtenu au cours du projet. Les études sont faites avec les producteurs relais, afin que ces derniers puissent mettre en œuvre les technologies mises en place par les doctorants. Par exemple, les producteurs utilisent le physostigma pour le paillage. Mais les doctorants nous ont montré qu’il y a la possibilité de faire le paillage avec les feuilles de caïlcédrat, de neem ou de karité », a-t-il indiqué.
Rédigé par : Ouattara Obi, Confédération Paysanne of Faso, Burkina Faso
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