Ces journées de dissémination ont débuté à Ouarkhokh où les producteurs ont massivement répondu à l’appel. À Ouarkhokh comme à Niakhar, les journées ont commencé par la présentation du projet SustainSahel et l’importance des plateformes innovantes (PI) dans sa mise en œuvre de celui-ci. La PI est une assemblée qui permet aux chercheurs et producteurs d'échanger sur le choix des techniques innovantes. Michael Diedhiou du Conseil National de Concertation de Coopération des Ruraux (CNCR) explique : « Avant d’appliquer une technique dans les champs de démonstration, les chercheurs discutent d’abord avec les membres de la PI, composés de producteurs, d'un membre de la mairie de la commune, de chercheurs, entre autres. C’est un moyen pour les producteurs de donner leur point de vue sur les techniques innovantes, les semences, mais aussi de lister leurs besoins. »
Ensuite, le WP4 et le WP6 ont partagé les résultats des expériences développées à travers leurs recherches dans les champs de démonstration et sur le bétail. Au cours de ces deux années, le WP6 a principalement mené ses recherches à Ouarkhokh, axées essentiellement sur l’efficacité des ligneux dans l’alimentation et la santé du bétail. Aminata Béye agroforestière a présenté les résultats : « À Ouarkhokh, les espèces les plus utilisées par les ruminants sont le Balanite Aegyptiaca et l’Acacia Albida. Ce sont des espèces que nous étudions pour évaluer leurs effets sur la santé et l'alimentation du bétail. Nous avons constaté que l'efficacité des vermifuges utilisés par certains éleveurs, tels que l’Albendazole et l’Ivermectine, laisse à désirer. Pour l'instant, nous leur proposons comme alternative d'utiliser les ligneux fourragers que nous allons tester cette année, afin d'obtenir de meilleurs résultats que les produits chimiques coûteux qu'ils utilisent actuellement. »
Le WP6 a également présenté une plateforme : l'outil de calcul des rations alimentaires pour les ruminants à base de ligneux fourragers, qui a été développé pour aider les éleveurs à quantifier l'alimentation de leur bétail. Cette plateforme permettra aux éleveurs d'obtenir des réponses à leurs questions. L'outil les informe notamment sur la ration alimentaire adéquate pour leur bétail, les arbres et arbustes qu'ils peuvent utiliser pour améliorer leur alimentation et leur santé, ainsi que sur leur production de fumier organique pouvant être utilisée par les agriculteurs. Un étudiant sera mis à la disposition des éleveurs pour les aider à utiliser cette plateforme.
Après la présentation des résultats, vient le moment des démonstrations. Mais avant cela, des matériels de communication ont été distribués aux producteurs, tels que des tee-shirts, des casquettes et des sacs aux couleurs de Sustain Sahel.
À Ouarkhokh, les démonstrations ont porté sur les pratiques recommandées concernant la manière et la quantité d'application de matière organique, comme le fumier et les résidus de Guiera Senegalensis, ainsi que le paillage. À Niakhar, les démonstrations ont également porté sur la manière et la quantité d'application de matières organiques (fumier et résidus de Guiera Senegalensis). Les producteurs ont réalisé ces démonstrations avec l'appui de l'équipe de recherche, en expliquant les différentes étapes dans la langue locale, ce qui permet à leurs camarades de mieux comprendre et d'apprendre plus rapidement comment appliquer ces techniques.
Les retours des producteurs
Les discussions ont ensuite permis aux producteurs de poser de nombreuses questions qui les préoccupent. À tour de rôle, ils ont témoigné de l'efficacité des techniques innovantes. Demba Yoro Bâ, éleveur du village de Gorel Thiang dans la commune de Ouarkhokh, souligne l'utilité des arbustes pour son bétail : « Le projet Sustain Sahel est très bénéfique pour nous, surtout pour notre bétail. On nous a montré qu'avec certains arbustes, nous pouvons lutter contre certaines maladies qui affectent notre cheptel, en particulier les petits ruminants. »
Bassirou Fall, un producteur de Niakhar, a parlé des bienfaits de certains arbustes qu'il utilise : « La Guiera est aussi bonne pour nos terres que pour notre bétail. Je commence à l'utiliser pendant la saison sèche en prenant les feuilles que j'éparpille sur ma parcelle, puis je les mélange à la terre. Ensuite, j'attends la période de semence, et je sais déjà que j'aurai une bonne récolte car j'ai bien préparé ma parcelle. La Guiera est également très efficace pour le bétail, c'est un excellent déparasitant. » La prochaine étape pour ces producteurs est la dissémination de ces techniques innovantes au sein de leur communauté. Ils se sont engagés à le faire, Demba Yoro déclare : « Ce projet est une opportunité pour nous, et rien que pour cela, nous devons nous impliquer davantage pour diffuser ces techniques innovantes. Je m'engage à le faire auprès de ma communauté. » Bassirou Fall renchérit : « Nous avons beaucoup appris grâce à ce projet, ma vie a beaucoup changé. Je sens que mes terres sont en bonne santé et j'ai des récoltes fructueuses. Je me dois de partager mes connaissances avec mes camarades. Je prendrai le temps nécessaire pour leur enseigner les différentes étapes. »
Pour plus d'efficacité, ils ont proposé de faire ce qui suit :
- Organiser des causeries où ils pourront montrer les vidéos d'Access Agriculture que nous avions partagées avec eux à travers des cartes mémoires distribuées lors des journées de dissémination de septembre dernier. Ainsi, ils pourront mieux expliquer les techniques et leurs utilisations à leurs camarades.
- Inviter leurs camarades pour leur montrer les méthodes qu'ils appliquent dans leur champ.
Durant ces journées de dissémination, il était également nécessaire de suivre les plantes distribuées lors des dernières journées de dissémination, afin de permettre aux populations de Niakhar et Ouarkhokh de reboiser. Cependant, le constat fait est que certaines plantes n'ont pas survécu et d'autres ont été mal entretenues. Pour remédier à cela, les producteurs ont proposé de collaborer avec les mairies pour trouver des espaces et impliquer les élèves dans le reboisement de leurs écoles, afin d'augmenter les espaces verts à Ouarkhokh et Niakhar.
Désormais, les producteurs vont prendre en charge les champs de démonstration et continueront à pratiquer les traitements. Cependant, ils recevront toujours des conseils, un accompagnement et une aide de la part des chercheurs.
Rédigé par : Ndéye Fatim Lo, Assistante chargée de communication, CSE centre de suivie écologique
Pour plus d'informations
Liens internet
Centre de Suivi Ecologique (CSE): Homepage
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